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PENSÉES DE

matistes et des Academiciens, &c. La ſeule Religion Chreſtienne a pû guerir ces deux vices ; non pas en chaſſant l’un part l’autre par la ſageſſe de la terre ; mais en chaſſant l’un & l’autre par la ſimplicité de l’Evangile. Car elle apprend aux juſtes qu’elle eleve juſqu’à la participation de la Divinité meſme, qu’en ce ſublime eſtat ils portent encore la ſource de toute la corruption qui les rend durant toute la vie ſujets à l’erreur, à la miſere, à la mort, au peché ; & elle crie aux plus impies qu’ils ſont capables de la grace de leur Redempteur. Ainſi donnant à trembler à ceux qu’elle juſtifie, & conſolant ceux qu’elle condamne, elle tempere avec tant de juſteſſe la crainte avec l’eſperance par cette double capacité qui eſt commune à tous & de la grace & du peché, qu’elle abbaiſſe infiniment plus que la ſeule raiſon ne peut faire, mais ſans deſeſperer ; & qu’elle éleve infiniment plus que l’orgueüil de la nature mais ſans enfler ; faiſant bien voir par là qu’eſtant ſeule exempte