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Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/111

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LIVRE IV, § XIV.

XIII

As-tu la raison en partage ? — Oui, sans doute, je l’ai. — Alors, pourquoi n’en uses-tu pas ? Car, du moment que la raison remplit le rôle qui est le sien, que peux-tu vouloir de plus[1] ?

XIV

Tu n’as vécu et subsisté qu’à l’état de partie dans un tout. Tu disparaîtras[2] dans le sein de l’être qui t’a produit ; ou plutôt, tu seras re-

  1. Que peux-tu vouloir de plus ? C’est l’absolue résignation à la volonté de Dieu, et la soumission absolue aux ordres de la raison, le seul et direct intermédiaire entre l’homme et son créateur. Sénèque a dit : « Ce qui sert beaucoup à la liberté de l’âme, c’est de se dire que tout est composé de Dieu et de la matière, que Dieu gouverne tous les êtres, qui sont répandus autour de lui et le suivent comme leur maître et leur conducteur. Or Dieu, qui agit sur la matière, est plus puissant que la matière, qui reçoit l’action de Dieu. Le rang que Dieu tient dans le monde, notre âme le doit tenir dans l’homme. » Épître LXV, à Lucilius. — Bossuet a dit : « La divine Providence a établi la raison dans la suprême partie de notre âme pour adresser nos pas à la bonne voie et considérer aux environs les empêchements qui nous en détournent. » Sermon sur la Loi de Dieu, premier point.
  2. Tu disparaîtras. L’expression est un peu trop forte ; et la preuve qu’elle ne rend pas la pensée de Marc-Aurèle, c’est qu’il se reprend pour l’atténuer par une autre, qu’il trouve sans doute plus exacte.