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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

cueilli[1] par suite de quelque changement, dans la raison de cet être qui a créé les germes de l’univers entier.

XV

Sur le même autel, il y a bien des grains d’encens[2] ; tel grain est le premier qui tombe dans le feu ; tel autre n’y tombe qu’un peu plus tard. Ce n’est pas une différence.

XVI

Dans dix jours, tu sembleras un dieu pour les gens qui te traitent aujourd’hui de bête fauve ou

  1. Tu seras recueilli. L’expression peut encore sembler un peu vague. Mais du moins elle n’implique pas comme la précédente une idée d’anéantissement.
  2. Sur le même autel, il y a bien des grains d’encens. Cette métaphore délicate et très-juste mérite d’être remarquée d’autant plus que ces formes de style sont fort rares dans Marc-Aurèle. Bossuet a employé une image toute pareille : « Jusqu’à ce que les ombres se dissipent et que le jour de la bienheureuse éternité paraisse, j’irai dans la solitude, sur la montagne de la myrrhe et sur la colline de l’encens, pour contempler de là les vérités éternelles et pour m’élever à Dieu par la pénitence et par l’oraison, comme l’encens monte au ciel, en se détruisant lui-même et en se consommant dans la flamme. » Réflexions sur le triste état des pécheurs, etc.