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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

« N’est-ce point là quelque chose qui n’est point nécessaire ? » Bien plus, ce qu’il faut ainsi retrancher, ce ne sont pas seulement les actions qui ne sont pas indispensables, mais ce sont en outre les pensées[1] ; car, de ce moment, les actions qui nous entraînent et nous dévient ne pourraient plus suivre des pensées qui n’existeraient point.

XXV

Essaie de voir dans quelle mesure tu peux, toi aussi, réaliser la vie de l’homme de bien, qui sait se contenter du destin qu’il reçoit en partage dans l’ordre universel des choses, et qui se borne, en ce qui dépend de lui, à pratiquer la justice et à conserver la sérénité de son âme[2].

    question, d’ailleurs fort pratique. Il faut réserver un examen de ce genre pour les cas qui ont quelque gravité ; et il est certain qu’on pourrait par là beaucoup simplifier sa vie et en retrancher bien des choses inutiles.

  1. Ce sont en outre les pensées. Ceci suppose une rare vigilance de soi-même ; et, en supprimant la pensée, on est d’autant plus sûr de supprimer les actes.
  2. Conserver la sérénité de son âme. Non point en vue de son bonheur personnel et par un calcul d’égoïsme, mais afin d’assurer à la raison tout son empire, dans une âme que ne trouble aucune passion désordonnée. Voir les deux traités de Sénèque, Le Repos du sage, et La tranquillité de l’âme.