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Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/124

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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

nu. — « Je n’ai pas de pain, dit-il, et je n’en reste pas moins fidèle à la raison. » — Et moi, je dis : Je n’ai pas même besoin de l’aliment de la science[1] pour y demeurer également fidèle.

XXXI

Plais-toi au pauvre métier que tu as appris[2], et sache t’en contenter et t’y tenir ; et, pour tout le reste dans la vie, supporte-le comme un homme qui, du fond de l’âme, a remis aux Dieux le soin de tout ce qui le regarde, et ne veut se faire le maître ni l’esclave de qui que ce soit.

    est arrivé à un certain âge. Voir plus haut, liv. II, §§ 2 et 3

  1. L’aliment de la science. La métaphore est de Marc-Aurèle lui-même, qui a peut-être ici un peu d’orgueil.
  2. Au pauvre métier que tu as appris. Conseil bien sage, mais qui ne peut être entendu que des âmes les plus vigoureuses et les plus indépendantes. Quand on a compris en quoi consiste la grandeur morale de l’homme et quel est son devoir ici-bas, on s’inquiète beaucoup moins des choses du dehors, précisément parce qu’on est tout occupé des choses du dedans. Socrate était sculpteur de son métier ; et, comme il n’avait pas un talent fort distingué, il est à croire que sa profession lui donnait tout juste ce qu’il fallait pour vivre. Il ne s’est jamais plaint de sa pauvreté, qu’il ressentait à peine. Épictète, au temps de Marc-Aurèle, en a été là également, pauvre esclave d’un affranchi.