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Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/158

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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

moi[1] ; car il n’est personne au monde qui puisse me forcer à violer leurs lois[2]. »

XI

« À quoi donc est-ce que s’applique mon âme en ce moment[3] ? » Telle est la question qu’en toute circonstance il faut se poser à soi-même, en se demandant : « Que se passe-t-il actuellement pour moi, dans cette partie de notre être qu’on appelle notre chef et notre guide ? Quelle espèce d’âme ai-je en ce moment ? N’est-ce pas l’âme d’un enfant ? L’âme d’un jeune homme ? L’âme d’une femmelette ? L’âme d’un tyran[4] ? L’âme d’une brute ? Ou l’âme d’un animal féroce ? »

  1. Le génie que je porte en moi. L’expression de Marc-Aurèle n’est pas tout à fait aussi développée.
  2. Qui puisse me forcer à violer leurs lois. C’est la forteresse inexpugnable de la conscience. Mais tout le monde ne sait pas la défendre, même parmi les philosophes.
  3. À quoi donc est-ce que s’applique mon âme en ce moment ? Voir plus haut, liv. III, § 4, une pensée presque pareille sous une forme différente. Cet examen de conscience, cette confession à soi-même est fort utile, si elle n’est pas toujours très-flatteuse.
  4. L’âme d’un tyran. On peut supposer que Marc-Aurèle aurait adressé des conseils si sages à plus d’un empereur, tyran, brute, ou bête féroce, comme Tibère sur la fin de sa vie, Caligula, Vitellius, Néron, etc. Sénèque a dit : « Faites, dit Épicure, toutes choses comme si quelqu’un vous regardait. Il est sans doute très-utile d’avoir quelqu’un auprès de soi que vous regardiez comme s’il était présent à vos pen-