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Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/159

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LIVRE V, § XII.

XII

Pour apprécier ce que sont réellement ces biens prétendus[1] qui séduisent le vulgaire, voici à quel point de vue il faut se placer. Quand on a compris ce que sont essentiellement les biens véritables, tels par exemple que la sagesse, la tempérance, la justice, le courage[2], on ne pourrait supporter, à propos d’un de ces biens précieux auquel on penserait, d’entendre quelqu’un y ajouter une idée qui serait en désaccord avec l’idée même du bien. Au contraire, si l’on ne pense qu’à une de ces choses qui passent pour des biens auprès du vulgaire, on écoutera et on accueillera volontiers les railleries du poëte, qu’on pourra trouver de très-bon goût. Le vulgaire lui-même sent bien aussi cette différence ; car autrement, loin d’agréer cette bouffonnerie, il la repousserait avec indignation. Mais s’il s’agit de l’argent, du plaisir, ou de l’opinion, et

    sées. Mais il est beaucoup plus honorable de vivre comme si vous étiez en la présence de quelque homme de probité. » Épître XXV, à Lucilius.

  1. Ces biens prétendus. La distinction des vrais et des faux biens a d’abord été faite par le platonisme. L’École stoïcienne a recueilli principalement cet héritage, si digne d’elle et si pratique.
  2. La sagesse, la tempérance, la justice et le courage. Ce