a-t-il donc au monde qui mérite notre estime ? Est-ce d’être loué et applaudi[1] ? Pas du tout. Par conséquent, les acclamations et les cris d’enthousiasme[2] n’ont guère plus de prix ; et les félicitations de la foule ne sont qu’un vain tapage de voix. Ainsi, tu ferais bien de laisser là cette prétendue gloire. Que reste-t-il donc qui soit digne de ton estime ? Je te le dis : c’est, à mon sens, d’agir suivant l’organisation qu’on a[3] et de tendre sans cesse au but que les études les plus attentives et la science nous indiquent. La science[4] en effet ne s’applique tout entière qu’à ce point unique, de faire en sorte que le moyen employé par nous s’adapte le plus convenablement possible à l’objet pour lequel il est préparé. Le vigneron n’a pas d’autres vues dans les soins qu’il donne à la vigne, tout comme le palefrenier en dressant les chevaux, le veneur en instruisant les chiens, de même aussi que les précepteurs et les maîtres[5] en donnant des leçons aux enfants. Voilà
- ↑ Est-ce d’être loué et applaudi ? Un empereur sait mieux que personne ce que valent les louanges du vulgaire et la gloire humaine.
- ↑ Les acclamations, les cris d’enthousiasme. Comme ceux que les empereurs pouvaient entendre au Colisée ou au Grand Cirque.
- ↑ L’organisation qu’on a. Voir plus haut, liv. V, § 16, et plus loin, liv. VII, § 55.
- ↑ La science. Le texte dit précisément : L’art.
- ↑ Les précepteurs et les maîtres.
Aurèle l’eût recueillie.