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LIVRE VII, § XVI.

quant à moi, si je ne pense pas que ce qui m’arrive soit un mal, je n’en suis pas encore atteint ; or il m’est toujours possible de concevoir cette pensée[1].

XV

Quoi qu’on me dise, quoi qu’on me fasse, c’est mon devoir d’être toujours homme de bien. C’est ainsi que l’or, l’émeraude, la pourpre[2] pourraient toujours se dire : « Quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, il y a nécessité que je sois émeraude, et que je conserve la couleur que j’ai. »

XVI

Le principe qui nous gouverne ne se donne jamais à lui-même le trouble d’aucune passion[3],

    que l’âme peut distinguer profondément d’elle-même, et dont elle peut s’isoler presque absolument.

  1. Il m’est toujours possible de concevoir cette pensée. Voir plus haut, liv. IV, § 7. La maxime est pratique ; mais elle est fort difficile à appliquer : il faut joindre à un long exercice une grande force d’âme, pour faire taire la sensibilité et n’écouter que la raison. C’est là toute la doctrine stoïcienne.
  2. L’or, l’émeraude, la pourpre. Marc-Aurèle cherche les matières les plus belles et les plus précieuses, quoiqu’il sache bien que rien dans la nature ne peut égaler la conscience, avec ses puissances, ses splendeurs et son prix inestimables.
  3. Le trouble d’aucune passion. Le texte est, dans ce pas-