Aller au contenu

Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/282

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

LIVRE VIII


I

Une considération bien faite pour te détourner de la présomption de la vaine gloire, c’est que tu ne peux pas te flatter d’avoir passé ta vie entière, du moins à partir de ta jeunesse[1], comme un vrai philosophe. Bien des gens l’ont su[2] ; et toi-même, tu sais aussi bien que personne que tu étais alors très-loin des sentiers de la philosophie. Voilà donc ton personnage défiguré ; et te faire la réputation d’un philosophe n’est plus guère facile pour toi. La supposition seule est un contre-sens. Si donc tu comprends réellement le fond des choses, ne t’inquiète pas de l’apparence que tu pourras avoir ; mais sache te contenter, pour ce

  1. Du moins à partir de ta jeunesse. Ceci semblerait indiquer un souvenir pénible de quelques désordres de jeunesse. Ces écarts ne peuvent pas être allés bien loin, dans une nature aussi élevée que celle de Marc-Aurèle. Dans le premier livre, § 22, il s’est félicité de n’avoir pas été homme avant le temps.
  2. Bien des gens l’ont su. Chacun de nous peut faire une égale confession ; et il est bien peu de mortels assez heureux pour s’être toujours maintenus dans les sages limites que la fougue de la