qui te reste de vie, de la passer comme le veut ta nature[1]. Ainsi tâche de connaître ses volontés, et n’aie pas d’autre préoccupation. En effet, l’expérience t’a montré que d’erreurs tu as commises, sans jamais trouver le bonheur[2] ; tu ne l’as rencontré ni dans l’étude, ni dans la richesse, ni dans la gloire, ni dans le plaisir, nulle part en un mot. Où donc l’obtiendras-tu ? Uniquement en faisant ce qu’exige la nature de l’homme. Et comment l’homme accomplit-il le vœu de sa nature ? En ayant d’immuables principes, d’où ses actes découlent[3]. Et à quoi s’appliquent ces principes ? Au bien et au mal[4] ; le bien ne pouvant jamais être pour l’homme que ce qui le rend juste, prudent, courageux et libre ; le mal n’étant non plus que ce qui produit les dispositions contraires à celles que je viens d’énumérer.
- ↑ Ta nature. Qui est celle d’un être raisonnable, fait pour vivre dans la société des hommes et de Dieu.
- ↑ Sans jamais trouver le bonheur. L’expression grecque pourrait tout aussi bien signifier Vertu. J’ai préféré l’idée de Bonheur, à cause de ce qui suit, bien que la recherche du bonheur n’ait jamais été une des préoccupations du Stoïcisme.
- ↑ D’immuables principes d’où ses actes découlent. C’est ce que fait la religion à l’aide de la foi ; c’est aussi ce que fait la philosophie.
- ↑ Au bien et au mal. Discerner le bien du mal pour suivre l’un et éviter l’autre, c’est là toute la vie morale de l’homme ; et c’est le mot de l’énigme qu’il est à lui-même, tant qu’il ne se connaît pas et ne s’est pas rendu maître de ses passions.
jeunesse franchit si aveuglément.