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LIVRE VIII, § XLVII.
Si au contraire la cause de la peine est dans ta disposition personnelle, qui est-ce qui t’empêche[1] de redresser ta propre pensée ? Si même tu t’affliges de ne pouvoir faire ce que, selon toi, réclame la droite raison, pourquoi n’agis-tu pas plutôt que de te désoler ? — Mais l’obstacle est plus fort que moi. — Alors ne t’en préoccupe pas, du moment que la cause qui s’oppose à ton action ne dépend pas de toi. — Mais j’aime mieux perdre la vie plutôt que de ne pas faire ce que je désire. — Alors, sors de la vie avec un cœur tranquille, comme meurt celui-là aussi qui a fait tout ce qu’il voulait. Et, à ce moment suprême, sache encore être doux[2] envers les obstacles que tu auras rencontrés.
- ↑ Qu’est-ce qui t’empêche. Le Stoïcisme indique le but et ne s’inquiète pas des obstacles qui le rendent d’un accès difficile. La théorie fait bien, et elle ne peut qu’être absolue. Mais la pratique exige beaucoup d’exercice ; et cette soumission entière à la raison est le fruit d’une longue et pénible discipline. Voir plus haut, liv. V, § 2.
- ↑ Sache encore être doux. C’est ainsi que Bossuet a pu dire de Madame Henriette d’Angleterre : « Oui, Madame fut douce envers la mort comme elle l’était envers tout le monde. Son grand cœur ni ne s’aigrit, ni ne s’emporta contre elle. Elle ne la brava non plus avec fierté, contente de l’envisager sans émotion et de la recevoir sans trouble. » Oraison funèbre d’Henriette d’Angleterre, p. 592, édit. de 1846.
même pensée, § 40.