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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

nous appelons Patriciens ont, pour la plupart, peu de bonté et d’affection dans le cœur.

XII

D’Alexandre le Platonicien[1], j’ai appris à ne pas dire aux gens à tout propos et sans nécessité, quand je leur parle ou que je leur réponds par lettre : « Je n’ai pas le temps » ; et à ne pas décliner constamment, par cette facile excuse, mes devoirs divers envers ceux qui vivent avec moi, en alléguant les affaires qui me pressent.

  1. Alexandre le platonicien. Il est possible qu’il s’agisse d’Alexandre de Séleucie, en Silicie, dont Philostrate a écrit la vie, liv. II, ch. V. Envoyé en ambassade auprès d’Antonin le Pieux, il l’avait choqué par la recherche de sa toilette et même par sa beauté, qui paraît avoir été remarquable. Plus tard, il s’était établi à Athènes, où il s’acquit bientôt une assez grande réputation ; et c’est de là sans doute que Marc-Aurèle l’avait fait venir à son camp de Pannonie, comme secrétaire pour la correspondance grecque. Du reste, le conseil que rappelle ici Marc-Aurèle est excellent ; mais tout utile qu’il est, c’est sans contredit un de ceux qu’on a le plus de peine à suivre au milieu des affaires. Philostrate, loc. cit., rappelle qu’on surnommait cet Alexandre le Péloplaton, c’est-à-dire le Platon de boue ou de lie ; la boue, la lie de Platon. Ce surnom a quelque chose de bien méprisant, et ne répond guère à la distinction dont l’Empereur honora cet Alexandre.