Aller au contenu

Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/358

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
336
PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

sance d’esclaves, qui gémissent[1], et d’hypocrites, qui feignent de croire[2] à ce qu’ils font ? Poursuis donc maintenant[3] ; et continue à me citer Alexandre, Philippe et Démétrius de Phalère. On verra s’ils ont bien compris ce que veut la commune nature, et s’ils ont su faire leur propre éducation. Mais s’ils n’ont eu qu’un personnage plus ou moins dramatique[4], je ne connais personne qui puisse me condamner à les imiter. L’œuvre de la philosophie est aussi simple que modeste[5]. Ne me pousse donc pas à une morgue solennelle.

XXX

Regarde d’un peu haut ces rassemblements innombrables[6], ces innombrables cérémonies de

    nions. Excellentes maximes, qui sont bien dignes d’une âme telle que celle de Marc-Aurèle et que méconnaissent presque tous les gouvernements.

  1. L’obéissance d’esclaves qui gémissent. Rien de plus noble que ces sentiments dans la bouche d’un empereur romain.
  2. D’hypocrites, qui feignent de croire. C’est le rôle habituel des courtisans.
  3. Poursuis donc maintenant. Les idées ne paraissent pas ici très suivies.
  4. Un personnage plus ou moins dramatique. Ceci s’applique surtout à Alexandre, dont la vie a, en effet, été si tragique.
  5. Aussi simple que modeste. C’est ainsi que Pythagore, Socrate, Épictète, Descartes, ont compris le rôle de la philosophie. Marc-Aurèle sur le trône n’a rien perdu des qualités viriles que d’autres ont montrées dans la pauvreté ou dans l’esclavage.
  6. Ces rassemblements innombrables. Le mot dont se sert