qu’elle soit surprise par la mort, a toujours rempli l’objet qu’elle se proposait ; et, comme il n’y manque rien, elle peut toujours se dire : « Je possède, et je retiens ce qui est bien à moi. »
L’âme a encore cette faculté de pouvoir embrasser le monde entier[1], y compris le vide qui entoure le monde, et la forme qu’il a reçue ; elle peut s’étendre aussi dans l’infinité de la durée ; elle observe et elle conçoit la régénération périodique de toutes choses[2] ; elle comprend que ceux qui nous succéderont ne verront rien de nouveau[3], de même que ceux qui nous ont précédés n’ont rien vu de plus que nous ; et qu’en un certain sens, il suffit d’avoir vécu une quarantaine d’années, quelque intelligence qu’on ait d’ailleurs, pour connaître, par une assimilation facile, et tout ce qui a été et tout ce qui sera.
Enfin, une dernière faculté propre à l’âme raisonnable, c’est d’aimer le prochain[4], c’est d’être
- ↑ De pouvoir embrasser le monde entier. C’est-à-dire, de se mettre en rapport avec l’infini, sons toutes ses formes, et de le comprendre dans une certaine mesure, soit comme espace, soit comme durée.
- ↑ La régénération périodique de toutes choses. Voir plus haut, liv. V, §§ 13 et 22, et liv. X, § 7.
- ↑ Rien de nouveau. Sur l’uniformité des choses de ce monde, voir plus haut, liv. VI, § 37, et liv. VII, § 1. Voir aussi les notes où cette pensée est réduite à ses véritables limites.
- ↑ C’est d’aimer le prochain. C’est une des recommandations les plus ordi-