des fautes nombreuses ; que, sous ce rapport, tu ressembles au reste des hommes, et que, si tu évites des fautes d’un certain genre, tu n’en as pas moins la disposition qui les fait commettre, ne t’abstenant souvent de délits pareils que par lâcheté, par crainte de l’opinion, ou par suite de toute autre faiblesse qui ne vaut pas mieux.
Cinquièmement[1]. Tu ne sais même pas très-précisément si les gens sont en faute ; car il y a une foule d’actes qui se font par de très-bons motifs ; et, en général, on doit prendre bien des informations[2] avant de pouvoir rien dire de fondé sur la conduite des autres.
Sixièmement[3]. Te répéter, quand tu ressens une colère ou une souffrance trop vive, que la
- ↑ Cinquièmement. Autre motif d’indulgence ; il est très-difficile de bien juger toujours des intentions d’autrui.
- ↑ On doit prendre bien des informations. Cette sage précaution éviterait, dans la société bien des discordes et des malentendus. Mais la vanité, plus encore que la malveillance, cause la précipitation regrettable des jugements. Dédaigner les autres, c’est se flatter soi-même.
- ↑ Sixièmement. Nouveau motif d’indulgence, qu’on se donne rarement, parce qu’on pense bien plus à la vie qu’à la mort. Voyez une admirable expression de cette pensée, plus haut, liv. V, § 24. Il faut prendre garde aussi à ce que cette idée perpétuelle de la mort n’enlève à la vie tout son prix et n’en fasse négliger les devoirs. La vie certainement est peu de chose ; mais, pendant qu’elle dure, elle est à peu près le tout de l’homme, et c’est afin de la mieux régler d’abord qu’il
aide beaucoup à supporter celles d’autrui. Voir plus haut, liv. X, § 30.