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LIVRE XI, § XX.

XX

Le souffle qui t’anime, et toute la portion ignée qui entre dans la composition de ton être, tendent, par leur nature, à un mouvement d’ascension perpétuelle ; et cependant, se soumettant à l’ordonnance générale des choses, ils sont retenus dans le mélange, à l’état que nous savons. De même encore, tous les éléments terrestres et liquides[1] qui sont en toi se portent non moins naturellement en bas, et cependant ils s’élèvent en haut, et ils occupent une place qui ne leur est pas naturelle. Ainsi donc, les éléments eux-mêmes obéissent à la loi qui régit l’univers ; et, en quelque place qu’ils aient été mis par elle, ils y demeurent par la force qui les domine, jusqu’à ce que le signal de la dissolution les fasse sortir de nouveau de la place qu’ils occupaient.

N’est-il donc pas intolérable que la partie intelligente de ton être[2] soit précisément la seule à

    139 et suiv., traduction de M. Victor Cousin, et le Phédon, pages 236 et suivi, ibid.

  1. Le souffle… la portion ignée… les éléments terrestres et liquides. En un mot, la partie matérielle de notre être.
  2. La partie intelligente de notre être. C’est l’opposition complète de la matière et de l’esprit ; et cette distinction est le fondement même du Stoïcisme, comme elle l’est de toute morale et de