je ne pouvais avoir les fonds nécessaires à mon dessein ; si jamais nécessité pareille de recevoir quelque chose d’autrui n’a pesé sur moi ; si ma femme[1] est d’une nature docile, affectueuse et simple ; si j’ai pu rencontrer tant d’excellentes personnes pour l’éducation de mes enfants ; si des remèdes m’ont été révélés dans mes songes, particulièrement contre les crachements de sang et les vertiges, à Gaëte tout comme à Chryse[2] ; si, dans ma passion pour la philosophie, je ne suis pas tombé aux mains de quelque sophiste ; si je ne me suis pas entêté aux ouvrages de quelque écrivain, ou à la solution des syllogismes, ou à la recherche des phénomènes célestes ; tant d’avantages ne peuvent venir que de l’aide des Dieux[3] et des grâces qu’ils daignent accorder.
- ↑ Ma femme. Faustine, dont on a récemment essayé de réhabiliter la mémoire. Le témoignage personnel de son mari doit être d’un grand poids.
- ↑ Gaëte… Chryse. Villes d’Italie.
- ↑ L’aide des Dieux. Cet acte de grâces adressé aux Dieux termine parfaitement ce livre rempli des sentiments les meilleurs de gratitude.
- ↑ Quades. Les Quades occupaient une partie de la Hongrie.
- ↑ Granoua. Aujourd’hui Gran en Madgyare, rivière dans le Comitat de Gamor ou Gœmor. Le Gran se jette dans le Danube, sur la rive gauche, à douze lieues de Bude, au Nord-Ouest. Pour les Quades, voir Tacite, De Moribus Germanorum, ch. XLII.