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Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/46

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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

je ne pouvais avoir les fonds nécessaires à mon dessein ; si jamais nécessité pareille de recevoir quelque chose d’autrui n’a pesé sur moi ; si ma femme[1] est d’une nature docile, affectueuse et simple ; si j’ai pu rencontrer tant d’excellentes personnes pour l’éducation de mes enfants ; si des remèdes m’ont été révélés dans mes songes, particulièrement contre les crachements de sang et les vertiges, à Gaëte tout comme à Chryse[2] ; si, dans ma passion pour la philosophie, je ne suis pas tombé aux mains de quelque sophiste ; si je ne me suis pas entêté aux ouvrages de quelque écrivain, ou à la solution des syllogismes, ou à la recherche des phénomènes célestes ; tant d’avantages ne peuvent venir que de l’aide des Dieux[3] et des grâces qu’ils daignent accorder.


Écrit chez les Quades[4], au bord du Granoua[5].
  1. Ma femme. Faustine, dont on a récemment essayé de réhabiliter la mémoire. Le témoignage personnel de son mari doit être d’un grand poids.
  2. Gaëte… Chryse. Villes d’Italie.
  3. L’aide des Dieux. Cet acte de grâces adressé aux Dieux termine parfaitement ce livre rempli des sentiments les meilleurs de gratitude.
  4. Quades. Les Quades occupaient une partie de la Hongrie.
  5. Granoua. Aujourd’hui Gran en Madgyare, rivière dans le Comitat de Gamor ou Gœmor. Le Gran se jette dans le Danube, sur la rive gauche, à douze lieues de Bude, au Nord-Ouest. Pour les Quades, voir Tacite, De Moribus Germanorum, ch. XLII.