Si c’est une Providence, qui permet qu’on la fléchisse[1], rends-toi digne de recevoir l’appui de la divinité. Si c’est une confusion sans aucun maître qui la dirige, prends-en bravement ton parti, puisque toi du moins, dans cette affreuse tourmente, tu as le bonheur de porter en toi une intelligence[2] qui peut te diriger. Si le flot t’emporte, qu’il emporte donc cette chair dont ton corps est formé, ce souffle qui t’anime, et tout le reste également ; mais, quant à ton intelligence, il ne l’emportera pas[3].
XV
Eh quoi ! la lumière de la lampe resplendit et ne cesse point de briller jusqu’au moment où elle s’éteint ; et la vérité, la justice, la sagesse[4], qui sont en toi, s’éteindraient avant toi-même !
- ↑ Qui permet qu’on la fléchisse. Les sacrifices des anciens impliquaient essentiellement cette croyance.
- ↑ De porter en toi une intelligence. C’est un fait que nous atteste irrécusablement la conscience, mais que quelques doctrines se sont obstinées à méconnaître.
- ↑ Il ne l’emportera pas. C’est le même sentiment de stoïcisme inébranlable qui a inspiré les fameux vers d’Horace : « Si fractus illabatur orbis Impavidum ferient ruinæ ». Voir plus haut, dans ce livre, la fin du § 3.
- ↑ La vérité, la justice, la sagesse. Qui sont les lumières de la raison humaine.
la négation de l’intelligence dans le monde.