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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

et une beauté secrètes, qui rappelleraient les charmes de l’enfance. Mais tout le monde n’est pas fait pour pénétrer ces mystères ; et ces jouissances sont réservées exclusivement au sage, qui se familiarise avec la nature et avec ses œuvres[1].

III

Après avoir guéri bien des malades, Hippocrate est mort, lui aussi, atteint par la maladie. Les Chaldéens, après avoir prédit le trépas de tant de gens, n’ont pu échapper plus que d’autres aux prises de la destinée. Alexandre, Pompée, Caïus-César, après avoir tant de fois ruiné de fond en comble des cités entières, après avoir massacré un nombre incalculable de cavaliers et de fantassins en bataille rangée, ont dû à leur tour aussi sortir un jour de la vie. Héraclite, après avoir tant disserté sur l’embrasement du monde[2]

    mantes par leur expression.

  1. Pénétrer ces mystères… avec ses œuvres. Il semble que, pour bien marquer le lien entre ce paragraphe et le précédent, l’auteur aurait dû revenir à la pensée de la mort et à la décadence prématurée de notre esprit. — Sénèque a dit : « Admirer, étudier, méditer ces grands problèmes, n’est-ce pas franchir la sphère de sa mortalité et s’inscrire citoyen d’un monde meilleur ?… Je saurai du moins que tout est borné, quand j’aurai voulu mesurer Dieu. » Préface des Questions naturelles.
  2. Héraclite… l’embrasement du monde. Héraclite soute-