Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Couat.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
BIBLIOTHÈQUE DES UNIVERSITÉS DU MIDI

Tout en traduisant Marc-Aurèle, M. Couat annotait la Cité de Dieu et les Pensées de Pascal. Quel livre devait sortir de ces méditations et de ces recherches ? Le travail est assez avancé pour qu’on en puisse apercevoir le dessein ; il est trop fragmentaire pour qu’on le publie. Les notes de cette traduction auront permis du moins de sauver une partie de l’étude que M. Couat avait consacrée à ces trois grandes âmes, de même lignée, dont l’une fut pourtant l’âme d’un païen, l’autre celle d’un saint et la dernière celle d’un hérétique. À sa traduction et à sa critique du texte des Pensées, il avait entrepris de joindre, en effet, une critique de la doctrine : bien que ce commentaire moral, limité au second livre de Marc-Aurèle, tienne beaucoup moins de place dans les papiers de M. Couat que ceux des Pensées de Pascal et de la Cité de Dieu, on pourra, d’après lui, s’imaginer ce qu’est le reste, sinon ce qu’eût été le tout.

Pour M. Couat, s’il ne put accomplir son dessein, apparemment il ne perdit pas sa peine. Il vécut ses dernières années dans l’intimité de l’empereur stoïcien, écoutant le discours en douze livres qu’il se tient à lui-même, et apprenant de lui les derniers secrets de cet art de vivre qui est la sagesse. Comme les Pensées, sa traduction des Pensées a le caractère d’un testament. Le disciple, en effet, fut jusqu’au bout fidèle à la doctrine. Lorsque, à la veille de la mort, il négligeait son mal et travaillait en pleine douleur, il est permis de croire qu’il entendait ces encouragements d’une voix familière : « Tu n’es qu’une petite âme portant un cadavre… Le mal est dans ton jugement… Épicure malade ne s’entretenait pas des souffrances du corps et ne permettait pas aux médecins de se flatter de leur importance… Beaucoup de grains d’encens sont déposés sur le même autel ; l’un y tombe plus tôt, l’autre plus tard ; il n’y a là aucune différence. »

P. F.