ce que tu as à faire[1]. Chacun doit agir suivant sa constitution[2] ; or tout le reste a été fait pour les êtres raisonnables, puisque partout l’inférieur a été fait pour le supérieur ; quant aux êtres raisonnables, ils ont été faits les uns pour les autres. Ce qui est supérieur dans la constitution de l’homme, c’est donc le sentiment de la solidarité. En second lieu, vient la résistance aux ébranlements que subit le[3] corps, car c’est le propre de la raison et de la pensée, dans leurs mouvements, de s’enfermer dans leur domaine et de ne se laisser vaincre ni par les mouvements de la sensation ni par ceux des tendances, qui tous les deux appartiennent à la vie animale. Le mouvement de la pensée veut la prééminence ; il ne consent pas à obéir. Cela est juste, puisque la pensée est faite pour se servir des autres forces. En troisième lieu, il est dans la constitution de l’être raisonnable[4] de réfléchir et de ne pas se laisser tromper. Que le principe dirigeant s’attache à ces règles et poursuive tout droit sa route ; il aura ainsi ce qui est à lui[5].
56
Il faut, comme si l’on était mort, ou comme si l’on n’avait dû vivre que jusqu’au moment présent, vivre toujours le reste de notre existence comme par surcroît et conformément à la nature.
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Aime uniquement ce qui t’arrive, la destinée qui a été faite pour toi ! Que peut-il y avoir de mieux réglé[6] ?
58
À propos de chaque événement de ta vie, aie devant les yeux ceux à qui pareille chose est arrivée, et qui en ont été affligés,
- ↑ [Ces deux natures sont, d’ailleurs, d’accord entre elles. Cf. supra, p. 80, note finale.]
- ↑ [Nous voyons une fois de plus ici combien sont parentes, pour Marc-Aurèle, les notions de « constitution » et de « nature ». Ce qui suit va nous montrer l’idée de finalité inséparable de celle de la « constitution ». Cf. supra VI, 44, note finale.]
- ↑ [Couat : « aux penchants du corps. » — Cf. supra III, 6, 4e note ; V, 26, 2e et 6e notes, etc.]
- ↑ [Couat : « la nature de la raison est de… »]
- ↑ [Var. : « tout ce qu’il lui faut. » ]
- ↑ [Var. : « Quoi de plus en harmonie avec les choses ? »]