Page:Pere De Smet.djvu/121

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De la part des Indiens, la réception avait été assez froide.[1] Bientôt néanmoins, les missionnaires prirent contact avec eux. Le P. De Smet rend ainsi compte des dispositions et des besoins de la tribu :

« Représentez-vous un grand nombre de huttes ou de tentes, formées de perches recouvertes d’écorce d’arbres, de peaux de buffle, de toiles grossières, de nattes, de gazon, toutes d’un aspect triste et funèbre, de toutes les grandeurs, de toutes les formes, éparses çà et là dans le plus grand désordre, et vous aurez l’idée d’un village indien ».[2]

Dans ces réduits, 3 000 sauvages mènent une vie misérable. Les femmes sont chargées des plus durs travaux ; les hommes passent leur temps à jouer aux cartes ou à fumer le calumet ; leur seule occupation est la chasse ou la guerre.

« Le plus souvent, ils se contentent d’un peu de viande sèche et d’une bouillie de maïs grillé et pilé. Mais, s’ils sont sobres, c’est moins par vertu que par nécessité. Sont-ils dans l’abondance, soit chez eux, soit ailleurs, on les voit sans cesse plonger la main dans le pot, et manger comme des loups affamés. Quand ils sont bien repus, ils se couchent et s’endorment.

  1. « Nous avons été loin de trouver ici les quatre ou cinq cents fervents catholiques dont on nous avait parlé à Saint-Louis. Des 2 000 Potowatomies qui assistaient au débarquement, il n’y en avait pas un qui parût avoir connaissance de notre arrivée. Ils se sont montrés indifférents. À part une trentaine de familles métisses, deux seulement sont venus nous serrer la main. Très peu parmi eux ont été baptisés. Tous sont dans une profonde ignorance des vérités de la religion. Ils ne savent pas même faire le signe de la croix, ni réciter le Pater ou l’Ave. Telle est, je crois, la cause de la grande réserve qu’ils gardent vis-à-vis de nous ». (Lettre au P. Verhaegen. — juin 1838).
  2. Lettre du P. De Smet au T. R. P. Général. — 1er déc. 1838.