Page:Pere De Smet.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mes bras contre ma poitrine, je crois qu’il m’aurait échappé. Cette nouvelle, je n’en doute pas, a également causé une grande joie parmi les anges gardiens de nos pauvres sauvages. Ils se sont réunis en chœur pour adresser au Tout-Puissant des cantiques d’action de grâces ».

Toutefois, il recommande au maître des novices « de faire passer ces jeunes soldats de Jésus-Christ par les fortes manœuvres de notre chef saint Ignace. Elles leur seront d’un grand secours dans ce pays. Un fusil rouillé, un sabre qui ne coupe pas, ne sont ici d’aucun usage ».[1]

Au début de 1840, on craignit qu’une nouvelle disette n’accrût encore les difficultés de la mission. Les vivres allaient manquer ; les secours attendus n’arrivaient pas. Le P. De Smet offrit d’aller lui-même à Saint-Louis chercher les provisions nécessaires à la colonie. Le 13 février, il quitta Council Bluffs, bien résolu, malgré une indisposition dont il souffrait, à revenir au plus tôt parmi ses chers sauvages. Le froid rendant la navigation impossible, il dut franchir par terre une distance de 300 lieues,[2] tantôt à pied, tantôt à cheval, parfois en charrette, n’ayant que son guide pour compagnon.

« L’hiver, dit-il, était très rigoureux, et je souffris beaucoup dans ce voyage, dormant à la belle étoile, au milieu d’une neige épaisse, enveloppé seulement de deux couvertures, et très incommodé par un vent perçant de

  1. Au P. De Vos. — Council Bluffs, 10 fév. 1840.
  2. Au cours de ses premiers voyages, le P. De Smet devait mesurer les distances au juger ; de là peut-être quelques exagérations.