Page:Pere De Smet.djvu/138

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nord-est, qui me gela une joue et la moitié du nez. Des bandes de loups affamés se montraient de temps en temps et nous suivaient en hurlant, mais ils se tenaient à une distance respectueuse et ne nous inquiétaient guère.

» Le froid, je suppose, me causa une grande oppression de poitrine qui me permettait à peine de respirer et de poursuivre ma route. Aussi, en arrivant à Saint-Louis, je fus remis aux tendres soins de Monsieur le Docteur en médecine — moi qui crains les Esculapes américains comme la peste. Aussitôt, celui-ci mit en jeu toute l’apothicairerie : saignées, sangsues, bains, poudres et pilules, emplâtres et cataplasmes, tisanes de différentes espèces, douces et amères, chaudes, froides et tièdes. Il me prescrivit en outre un régime très sévère. Le repos me rétablit assez vite, et je n’eus rien de plus pressé que de me retirer des mains du médecin, qui aurait bientôt fait disparaître la bonne couche qui couvre mes os ».[1]

Si l’heureuse humeur fait partie d’un tempérament de missionnaire, le P. De Smet avait lieu de remercier la nature. Autant il est sensible aux épreuves de la mission et au silence de ses amis, autant il affronte gaîment la fatigue et le danger. La modeste assurance d’un héroïsme qui semble s’ignorer lui-même n’est pas l’aspect le moins attachant de sa physionomie.

Sa santé à peine rétablie, il se dispose à rejoindre son poste. Déjà il a rassemblé provisions, vêtements, ornements d’église, instruments de culture. Il va partir, lorsqu’il apprend que le P. Christian Hoecken est

  1. Aux Carmélites de Termonde. — Westport, 27 avril 1840.