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plus de qualités qu’aucune autre tribu de l’Ouest. Ils sont, dit-il, honnêtes dans leurs affaires, braves dans le combat, obéissants à leurs chefs, propres dans leurs loges et leurs habits, ennemis déclarés du mensonge. La polygamie semble avoir été chez eux une rare exception. Les femmes sont d’excellentes épouses et d’excellentes mères. Leur renom de fidélité est si bien établi, qu’à peine peut-on citer un seul exemple contraire.[1]

Une telle race était préparée à recevoir l’Évangile.

Lorsque, au XVIIe siècle, les Jésuites français tombaient sous la hache des Iroquois, ils étaient loin de prévoir que la foi, qu’ils avaient prêchée et qu’ils scellaient de leur sang, serait un jour portée au delà du Mississipi, dans les Montagnes-Rocheuses, et jusqu’à la côte du Pacifique, par les descendants de ces mêmes sauvages, qui les traitaient avec tant de barbarie.

Rappelons les origines de cette surprenante évangélisation.

Entre les années 1812 et 1820, une bande d’Iroquois catholiques quittait la mission de Caughnawaga, près de Montréal, et, traversant la vallée du Mississipi, se dirigeait vers les régions inconnues de l’Ouest. Quel était le but de leur voyage ? Peut-être faisaient-ils partie d’une compagnie de trappeurs canadiens, à la recherche des fourrures. Ce qui est certain, c’est qu’à leur insu ils servaient les desseins de la Providence, en faveur de ceux qui allaient devenir leurs frères d’adoption. Le chef du groupe s’appelait Ignace La Mousse. Jadis

  1. Cf. Palladino, Op. cit., p. 4-8. — On trouvera d’autres témoignages dans l’ouvrage de Helen Jackson, A Century of dishonor, p. 377 et suiv.