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il avait été baptisé et marié par les Jésuites, et même était resté quelque temps attaché à leur service.[1] Les Indiens devaient lui donner le nom de Vieil Ignace, pour le distinguer d’un autre Iroquois, le Jeune Ignace, dont nous aurons à parler plus loin.

Les voyageurs reçurent chez les Têtes-Plates un accueil si engageant, qu’ils résolurent de se fixer au milieu d’eux. Les liens du mariage ne tardèrent pas à resserrer encore ceux de l’amitié, et les nouveaux-venus devinrent membres de la nation.

Sous sa rudesse native, le Vieil Ignace cachait une remarquable intelligence et une âme d’apôtre. Son courage, sa loyauté, lui acquirent une influence qu’il sut faire servir au bien de la tribu. Souvent il parlait aux Têtes-Plates de la religion catholique, de ses croyances, de ses prières, de ses cérémonies. La conclusion de ses discours était toujours la même : ils devaient faire venir au milieu d’eux des robes-noires, pour les instruire et leur apprendre le chemin du ciel.

On l’écoutait avec attention. Les sauvages apprirent ainsi les principaux mystères de la foi, les grands préceptes du christianisme, l’oraison dominicale, le signe de la croix et d’autres pratiques religieuses.

Leur vie se régla sur cet enseignement. Ils priaient matin et soir, sanctifiaient le dimanche, baptisaient les moribonds, et plantaient la croix sur la tombe de leurs défunts.

Chez les Pends-d’Oreilles et les Nez-Percés, tribus amies

  1. Nous empruntons ces détails à une lettre du P. Hélias d’Huddeghem (4 juillet 1836). Nous verrons que ce religieux eut l’occasion de converser longuement, à Saint-Louis, avec Ignace et ses enfants.