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des Têtes-Plates, même empressement à s’instruire de la religion. Tous désiraient ardemment des robes-noires. Mais comment en obtenir ? Pour atteindre les missions de Québec ou de Montréal, il eût fallu faire près de 1 500 lieues.

Cependant des prêtres catholiques venaient d’arriver au Missouri. La nouvelle en parvint jusqu’aux Montagnes, portée sans doute par les marchands qui, chaque année, remontaient le fleuve.

Aussitôt, le Vieil Ignace rassemble le conseil de la tribu, et propose d’aller à Saint-Louis chercher des missionnaires. Le projet est accueilli avec enthousiasme ; quatre Indiens s’offrent à partir immédiatement.

L’entreprise était hardie. Comment franchir une distance de 1 000 lieues à travers de hautes montagnes, de larges fleuves, des plaines arides, des déserts de sable ? Comment éviter la rencontre des Corbeaux et des Pieds-Noirs, ennemis mortels des Têtes-Plates ?

Prêts à tout affronter pour obtenir un prêtre, les quatre voyageurs quittèrent leur pays au printemps de 1831.[1] Peut-être eurent-ils l’occasion de se joindre à une caravane de marchands descendant des Montagnes. Au commencement d’octobre, ils arrivent à Saint-Louis. Ils visitent l’église catholique, et se prosternent devant Celui qu’Ignace leur a appris à adorer. Dans une ardente prière, ils le conjurent de leur accorder ce qu’ils sont venus chercher si loin. La décence de leur maintien,

  1. D’après le P. Hélias d’Huddeghem (lettre citée), le chef de la députation s’appelait Martin. Il était l’oncle d’Ignace, et devait mourir peu après son arrivée à Saint-Louis. Ses compagnons appartenaient à la nation des Têtes-Plates et à celle des Nez-Percés.