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partant pour les Montagnes. C’est là qu’il se procura les chevaux nécessaires pour le voyage. Il en acheta sept : deux de monture, pour lui et pour son guide, et cinq de charge, pour porter les vivres et les bagages.

Il devait se joindre à une caravane, forte de trente hommes environ, appartenant à la Compagnie Américaine des Fourrures.

Au moment de s’engager dans l’immense désert, il implore sur son voyage la protection de la Reine du ciel. Une dernière fois, il se recommande au souvenir de ses frères et aux prières de ses amis. Sûr de répondre à un appel de Dieu, il part avec confiance et allégresse : « Sans doute, le Seigneur a de grands desseins sur ces pauvres tribus. Je lui rends grâce, dans la sincérité de mon âme, d’avoir été choisi pour cette mission. Je ne crains rien. Jamais de ma vie je n’ai été ni plus tranquille ni plus heureux ».[1]

Le départ eut lieu le 30 avril.

On se dirigea vers l’ouest, à travers des plaines immenses et arides, coupées de gorges profondes.

Bientôt les chaleurs commencèrent à sévir. « Je n’étais en route que depuis six jours, écrit le missionnaire, lorsque je me sentis pris d’une fièvre intermittente, avec les frissons qui précèdent d’ordinaire les accès de chaleur. Mes amis me conseillaient de revenir sur mes pas, mais mon désir de voir les tribus des Montagnes l’emporta sur toutes les raisons qu’ils purent me donner. Je suivis donc la caravane de mon mieux, me tenant à cheval aussi longtemps que j’en avais la force. J’allais ensuite me coucher dans un chariot, sur des caisses, où j’étais

  1. À François De Smet. — Westport, 24 avril 1840.