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des branches du Colorado. C’est là que les sauvages et les Canadiens, chasseurs de castors, venaient tous les ans vendre leurs fourrures, ou les échanger contre les articles que leur fournissaient les Blancs.

On y arriva le 30 juin.

Quelle ne fut pas la joie du P. De Smet, en voyant venir à lui un groupe de Têtes-Plates !

Pierre Gaucher avait rapporté de Saint-Louis la nouvelle qu’une robe-noire arriverait bientôt, accompagnée du Jeune Ignace. Aussitôt, le grand chef avait envoyé au-devant du missionnaire dix de ses guerriers, pour lui faire escorte jusqu’au camp. Lui-même devait suivre, avec toute la tribu.

« Notre rencontre, dit le P. De Smet, ne fut pas celle d’étrangers, mais d’amis. C’étaient comme des enfants qui, après une longue absence, accourent au-devant de leur père. Je pleurais de joie en les embrassant. Eux aussi, les larmes aux yeux, m’accueillaient avec les expressions les plus tendres. Naïvement, ils me racontaient les nouvelles de la tribu, en particulier leur préservation presque miraculeuse dans un combat que soixante des leurs venaient de soutenir contre deux cents Pieds-Noirs, combat qui avait duré cinq jours, et dans lequel ils avaient tué environ cinquante de leurs ennemis, sans perdre un seul homme.

— Nous nous sommes battus en braves, me disaient-ils, soutenus par le désir de vous voir. Le Grand-Esprit a eu pitié de nous ; il nous a aidés à écarter les dangers sur la route qui doit vous conduire à notre camp. Les Pieds-Noirs se sont retirés en pleurant ; d’ici à longtemps, il ne nous molesteront plus. » Ensemble, nous remerciâmes le Seigneur de sa