Page:Pere De Smet.djvu/158

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chef, un vrai patriarche, appelé Grand-Visage. Celui-ci me reçut au milieu de son conseil avec la plus parfaite cordialité.

— Robe-Noire, dit-il, soyez le bienvenu dans ma nation. Nos cœurs sont joyeux. C’est aujourd’hui que le Grand-Esprit a accompli nos vœux. Vous êtes au milieu d’un peuple grossier et pauvre, plongé dans les ténèbres de l’ignorance. J’ai toujours exhorté mes enfants à aimer le Grand-Esprit. Nous n’ignorons pas que tout ce qui existe est à lui, et que nous recevons tout de sa main libérale. Parfois, de bons Blancs nous ont donné de sages avis, et nous les avons suivis. Dans l’ardeur de notre cœur, pour nous faire instruire de ce qui concerne le salut, nous avons, à différentes reprises, député de nos gens à la grande robe-noire (l’évêque) de Saint-Louis, afin qu’elle envoie un Père pour nous parler. Robe-Noire, parlez ; nous sommes tous vos enfants. Montrez-nous la route que nous devons suivre, pour arriver là où réside le Grand-Esprit. Nos oreilles sont ouvertes ; nos cœurs recevront toutes vos paroles. Parlez, Robe-Noire, nous suivrons les paroles de votre bouche.

» J’eus alors avec ces braves gens un long entretien sur la religion. Je leur exposai l’objet de ma mission, et les invitai à quitter la vie nomade pour se fixer dans un endroit fertile. Tous se déclarèrent prêts à échanger l’arc et le carquois contre la bêche et la charrue.

» Je leur fixai un règlement pour les exercices de piété. Aussitôt, un des chefs m’apporta une cloche pour donner les signaux, et, dès le premier soir, je rassemblai tout le monde autour de ma loge… Après avoir fait une instruction, je récitai les prières du soir. Avant de se séparer, les sauvages chantèrent, avec un ensemble admirable,