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inconnue, même chez les femmes ; le mensonge, surtout, leur est odieux.

— Nous craignons, disent-ils, d’offenser le Grand-Esprit, et c’est pourquoi nous avons horreur des langues fourchues (des menteurs).

» Toute querelle, tout emportement, serait sévèrement puni. Nul ne souffre sans que ses frères s’intéressent à son malheur, et viennent au secours de sa détresse ; aussi n’y a-t-il point d’orphelins parmi eux. Ils sont polis, d’humeur joviale et très hospitaliers. Leurs loges sont ouvertes à tout le monde ; ils ne connaissent pas même l’usage des clefs et des serrures. Un seul homme, grâce à l’influence qu’il a acquise par sa valeur dans les combats et sa sagesse dans les conseils, gouverne la peuplade entière : il n’a besoin ni de gardes, ni de verrous, ni de barreaux de fer, ni de prisons d’État.

» Souvent je me suis répété : Sont-ce là les peuples que les gens civilisés osent appeler du nom de barbares ?… Trop longtemps on s’est accoutumé à juger les sauvages de l’intérieur par ceux des frontières. Ces derniers ont appris les vices des Blancs qui, guidés par la soif insatiable d’un gain sordide, travaillent à les corrompre et les encouragent par leur exemple »[1].

Le P. De Smet avait rejoint les Têtes-Plates dans le Vallon de Pierre, au pied des Trois-Tetons. Quelques jours après, on leva le camp pour remonter, à petites étapes, vers le nord.

Le 22 juillet, la caravane atteignit la ligne de faîte qui sépare le versant du Missouri de celui du Columbia. « Je me dirigeai, écrit le missionnaire, vers le sommet d’une haute montagne, pour mieux mesurer la distance

  1. Relation adressée à Fr. De Smet.