Page:Pere De Smet.djvu/171

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tions pour son hôte, allant, par un raffinement en usage dans la tribu, jusqu’à lui présenter ses bouchées. La nuit venue, le Père se retira. Il allait s’endormir, lorsqu’il vit entrer dans sa tente celui qui lui avait fait si bon accueil. À la lueur d’une torche, le sauvage fait briller devant ses yeux la lame d’un poignard.

— Robe-Noire, dit-il, n’avez-vous pas peur ? Le missionnaire, alors, prend la main du chef, et la met sur sa poitrine.

— Voyez si mon cœur bat plus fort que d’ordinaire. Pourquoi donc aurais-je peur ? Vous m’avez nourri de votre main. Je suis en sécurité dans votre camp, aussi bien que dans la demeure de mon frère.

Flatté de cette réponse, le Pied-Noir renouvelle ses protestations d’amitié. Il avait seulement voulu mettre à l’épreuve la confiance de son hôte. Le lendemain, le P. De Smet continua son voyage. Le grand chef lui donnait comme compagnons, jusqu’au fort Pierre, trois jeunes gens, parmi lesquels son propre fils, le priant de les instruire.

— Je tiens absolument, disait-il, à connaître les paroles que vous avez à nous communiquer de la part du Grand-Esprit.

Du fort Pierre, le missionnaire descendit au fort Vermillon. Une amère douleur l’y attendait.

Les Sioux avaient violé la paix conclue l’année précédente avec les Potowatomies. Un parti de guerre venait de rentrer au camp, rapportant une chevelure.

Aussitôt, P. De Smet réunit le conseil de la tribu, reproche aux chefs leur infidélité à la parole donnée, les menace de terribles représailles, s’ils ne s’empressent de réparer leur faute.