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Vainement quelques ennemis de la religion nouvelle avaient essayé de semer la zizanie, en insinuant qu’une fois parti le missionnaire ne reparaîtrait plus.

— Vous vous trompez, répliquait Grand-Visage ; je connais notre Père ; sa langue n’est pas fourchue. Il nous a dit : « Je reviendrai ». Il reviendra, j’en suis sûr.

Trois jours après leur arrivée au fort Hall, les Pères se séparèrent du reste de la caravane, et se dirigèrent vers le nord pour rejoindre le camp des Têtes-Plates. Un des principaux guerriers avait envoyé au P. De Smet son plus beau cheval, avec ordre qu’il ne fût monté par personne avant de lui être présenté.

On arriva le 30 août, quatre mois après avoir quitté Saint-Louis.

« À mesure que nous approchions, nous voyions se succéder de nombreux courriers… Bientôt apparut un sauvage de haute stature, courant vers nous bride abattue. En même temps, des voix criaient : « Paul ! Paul ! » Et en effet, c’était Paul, le Grand-Visage, qui avait reçu ce nom au baptême l’année précédente. On le croyait absent, mais il venait d’arriver, pour avoir la satisfaction de nous présenter lui-même à son peuple.

» Vers le coucher du soleil, nous jouîmes de la scène la plus touchante. Les missionnaires étaient entourés de leurs néophytes. Hommes, femmes, jeunes gens, enfants portés sur les bras de leurs mères, c’était à qui viendrait le premier nous serrer la main. Les cœurs étaient émus. Cette soirée fut vraiment belle ».[1]

Déjà, lors de son premier voyage, le P. De Smet avait

  1. Lettre au T. R. P. Général. — Fourche de Madison, 15 août 1842.