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invité les Têtes-Plates à chercher un terrain fertile pour s’y fixer.

Certes, il ne prétendait pas faire en un jour d’une tribu nomade un peuple sédentaire. Les Têtes-Plates vivant principalement de la chasse, il ne pouvait être question de supprimer un moyen de subsistance que l’agriculture ne devait pas avant longtemps remplacer. La chasse resterait, de longues années encore, la principale ressource des Indiens. Mais au lieu de leurs campements mobiles, se déplaçant au gré des buffles, ils posséderaient un foyer où chacun pourrait, la chasse terminée, se retirer près de sa famille. Peu à peu, ils seraient initiés aux travaux de culture. La terre leur fournirait, au besoin, de quoi suppléer à l’insuffisance du gibier. Ils échapperaient à l’oisiveté, s’habitueraient à l’économie, et, insensiblement, prendraient les mœurs des peuples civilisés.

Les Têtes-Plates avaient reçu la proposition avec enthousiasme. Déjà ils avaient choisi, aux sources de la Clarke, un endroit qu’ils croyaient favorable. À peine arrivés, les missionnaires allèrent reconnaître l’emplacement.

Il fallut traverser la partie la plus sauvage et la plus aride du désert. On vécut de pêche pendant huit jours. Les chevaux faillirent mourir de faim, car ces terres maudites n’offraient pas même quelques touffes de gazon.

Enfin, après avoir deux fois franchi la ligne de faîte des Rocheuses, on pénétra dans la vallée ou la tribu errante avait résolu de se fixer. On s’arrêta à quelques milles au sud de la ville actuelle de Missoula, entre Stevensville et le fort Owen.

La Racine-Amère (Bitter Root), qui prend plus loin le