Page:Pere De Smet.djvu/194

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ils étaient restés à Sainte-Marie aussi longtemps qu’ils avaient eu de quoi vivre. À la fin, la disette était telle que les chiens, n’ayant pas un os à ronger, dévoraient jusqu’aux longes de cuir qui attachaient les chevaux pendant la nuit.

Le départ pour la chasse d’hiver eut lieu le 29 décembre. L’expédition devait durer plusieurs mois.

Pour ne pas laisser si longtemps une partie de la tribu privée des secours religieux, le P. Point se mit à la tête du camp nomade. Sa présence devait prévenir les désordres dont la chasse eût pu être l’occasion.

L’hiver fut rigoureux. Pendant trois mois, il neigea sans discontinuer. Plusieurs Indiens furent frappés d’une sorte de cécité, nommée chez eux le mal de neige. Un jour de grande tempête, le P. Point faillit succomber. Sans un grand feu, allumé par quelques chasseurs qui le voyaient pâlir, il fût mort de froid au milieu de la plaine. Pour comble d’épreuve, les buffles ne paraissaient pas.

Mais ni la gelée, ni le vent, ni la neige, ni la faim, n’empêchaient les Têtes-Plates d’accomplir leurs devoirs religieux. Matin et soir, le camp se rassemblait autour de la loge du missionnaire. La plupart n’avaient d’autre abri que le ciel. Tous néanmoins écoutaient, après les prières, une instruction précédée et suivie de cantiques. Au point du jour et au coucher du soleil, la clochette invitait les chasseurs à la récitation de V Angélus. Le dimanche était religieusement observé.

Tant de fidélité allait toucher le cœur de Dieu. Le P. Point raconte ainsi le fait dans son journal :

« Le 6 février. — Aujourd’hui dimanche, grand vent, ciel grisâtre, froid plus que glacial ; point d’herbe pour les