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rurent aux instructions, et s’appliquèrent à apprendre les prières. Ici encore, le missionnaire dut se borner à baptiser les enfants et les malades. « Avec quelques prêtres de plus, écrivait-il, et des ressources pour procurer des outils aux sauvages, toutes les nations des Montagnes seraient bientôt catholiques ».[1]

Le 30 mai, il s’embarquait pour Vancouver.

De nombreux rapides, des rochers à fleur d’eau, rendent la navigation sur le Columbia extrêmement dangereuse. Une fois de plus, le P. De Smet va éprouver l’effet de cette merveilleuse protection qui l’accompagne dans tous ses voyages.

« J’étais, dit-il, descendu à terre et longeais le rivage, ne songeant guère au malheur qui nous attendait. J’avais fait environ un quart de mille, lorsque les matelots poussèrent au large. Les voyant descendre d’un air assuré, chantant leur chanson d’aviron, je commençais à me repentir d’avoir préféré au cours du fleuve un sentier rocailleux sur le penchant d’une roche escarpée.

» Tout à coup, l’aspect des choses change. La proue de l’esquif se trouve brusquement arrêtée. Telle est la violence du choc, que les rameurs peuvent à peine se tenir sur leurs bancs. Dès qu’ils ont repris leur équilibre, ils tâchent de s’éloigner, mais en vain. Bientôt ils voient se dessiner autour de la barque un immense tourbillon. Déjà l’écume blanchit la surface de l’eau ; un sourd mugissement se fait entendre, à travers lequel on distingue la voix du pilote, qui encourage ses hommes à ramer.

» Le danger devient imminent ; tout espoir s’évanouit. La barque tourne sur elle-même, au gré du tourbillon,

  1. Lettre à François De Smet. — Fort Colville, 25 mai 1842.