Dieu pour les bienfaits dont il nous avait comblés pendant l’année. J’eus la consolation de voir cinquante Têtes-Plates s’approcher de la sainte table avec un air si humble, si modeste, si dévot, qu’ils ressemblaient plutôt à des anges qu’à des hommes »[1].
Le missionnaire aimerait à jouir plus longtemps de la ferveur de ses néophytes ; mais le devoir l’appelle ailleurs. Il laisse au P. Mengarini le soin des Têtes-Plates et des Pends-d’Oreilles ; il charge le P. Point d’aller, la chasse finie, ouvrir, avec le Fr. Huet, une mission chez les Cœurs-d’Alène ; quant à lui, pour obtenir de nouveaux apôtres, il entreprend une quatrième fois la dangereuse traversée du désert américain.
Le P. De Smet quitta le camp des Têtes-Plates avec une escorte de dix Indiens. Trois jours après, il avait franchi deux chaînes de montagnes et parcouru 150 milles à travers un pays infesté par les Pieds-Noirs, sans toutefois les rencontrer. Il se reposa quelque temps chez des tribus amies, puis arriva chez les Corbeaux.
« Ils nous avaient aperçus de loin. Bientôt quelques-uns me reconnurent. Au cri de : « La robe-noire ! la robe-noire ! » tous, grands et petits, au nombre d’environ trois mille, sortirent de leurs loges, comme les abeilles de leurs ruches.
» À mon entrée dans le village se passa une singulière scène, dont je me trouvai, ex abrupto, le principal personnage. Les chefs et les premiers d’entre les braves.
- ↑ Lettre au T. R. P. Général. — Fourche de Madison, 15 août 1842.