Page:Pere De Smet.djvu/227

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d’août, il quitte la Belgique et se rend à Rome, pour exposer au général de la Compagnie les besoins de sa mission.

Le P. Roothaan reçut le P. De Smet avec les marques d’une tendre affection. Il suivit avec une attention émue le détail des travaux et des succès de ses héroïques enfants. Convaincu qu’aucune œuvre n’était, plus que la leur, digne d’intérêt, il promit de la recommander aux diverses provinces de son ordre. Le P. Général voulut présenter lui-même à Grégoire  XVI le premier missionnaire des Montagnes-Rocheuses. Quelle ne fut pas l’émotion de l’humble religieux, quand il vit le pape se lever de son trône pour l’embrasser ! Pareil accueil le payait largement de toutes ses fatigues au service de l’Église.

Au cours de l’entretien, le saint-père s’informa des dispositions des sauvages. Le P. De Smet se permit alors de lui transmettre une proposition de Victor, le grand chef des Têtes-Plates.

Apprenant que le souverain pontife était en butte aux attaques de l’impiété, l’ardent néophyte s’était levé et avait dit au missionnaire :

— Père, vous parlez sur le papier (vous savez écrire); si le grand chef des chrétiens est en danger, envoyez-lui un message de notre part. Nous dresserons sa loge au milieu de notre camp, nous ferons la chasse pour son entretien, et nous lui servirons de garde à l’approche de ses ennemis.

À cette invitation, Grégoire  XVI sourit, puis, semblant lire dans l’avenir :

— Vraiment, dit-il, le temps approche où nous serons