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faute de local, faire la classe en plein air aux femmes et aux enfants qui se préparaient à la première communion. L’âge des élèves variait entre quinze et soixante ans. Beaucoup, parmi ces pauvres gens, venaient de fort loin, apportant des vivres pour plusieurs jours, et n’avaient, pour la nuit, d’autre abri [que les arbres de la forêt.[1] Un prêtre récemment arrivé du Canada, M. Bolduc, ouvrait en même temps le collège Saint-Joseph, pour l’éducation des jeunes gens.

Déjà les protestants prenaient peur et lâchaient pied. « Chose significative, écrit le P. De Smet, le même navire qui nous a amenés à Vancouver emmène plusieurs ministres, avec leurs femmes, aux îles Sandwich. De là, ils retourneront aux États-Unis. Après plusieurs années de tentatives pour arracher à leur foi les enfants catholiques, ils se sont vus obligés de fermer leurs écoles, de quitter le pays et de nous laisser le champ libre ».[2]

Quant aux Jésuites, leur intention était d’établir, près du Willamette, une résidence qui pût servir à la fois de maison de formation et de centre d’approvisionnement pour les missions indiennes des Montagnes-Rocheuses. Mgr Blanchet en offrait l’emplacement sur les terres de sa mission.

L’endroit paraissait favorable : climat salubre, sol fertile, abondance de bois, perspectives variées et grandioses. Déjà le P. De Smet voyait se renouveler les merveilles de Florissant. « J’espère, disait-il, qu’à l’exemple

  1. Cf. Notice sur le Territoire et sur la mission de l’Orégon, suivie de quelques lettres des Sœurs de Notre-Dame, établies à Saint-Paul du Willamette. Bruxelles, 1847.
  2. À la Supérieure générale des Sœurs de Notre-Dame, 28 août 1844.