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bergen se porta au-devant de celle de Termonde. La rencontre eut lieu au milieu de monticules de sable. Les Russes furent battus et durent se replier sur le village. Les Français les y suivirent, et la lutte recommença plus acharnée sur une place voisine de l’église.

Par malheur, c’était un dimanche, à l’heure même de la grand-messe. Aux cris furieux des combattants, à la vue des vaincus qui cherchent un refuge dans le lieu saint, les paysans sortent de l’église, s’arment de fourches et de bâtons, puis se jettent dans la mêlée. Les vainqueurs sont forcés de reculer. Le général De Smet voit ses habits déchirés et reçoit plus d’un horion.

Cependant on avait appris à Termonde le départ matinal de la petite troupe. Josse De Smet, ne voyant pas revenir son fils, se met à sa recherche. Comme il sortait de la ville, Pierre-Jean y rentrait avec son armée en déroute. L’armateur voulut ajouter encore à la cruelle leçon de la défaite. Il condamna le chef de bande à passer dix jours sans argent, ce qui équivalait à le consigner au logis.

La réclusion est parfois mauvaise conseillère. Un jour, pendant que sa mère est occupée à coudre, Pierre-Jean s’empare adroitement de ses ciseaux, et coupe, l’une après l’autre, les poches de son habit, puis va déposer le tout sous les yeux de sa mère.

Le père arrive. Marie Buydens lui raconte le dernier exploit de son fils.

— Pourquoi avez-vous ainsi coupé vos poches ? demande sévèrement l’armateur.

— À quoi bon, répond l’enfant, conserver des poches, quand on n’a rien à mettre dedans ?