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À peine sorti de l’église, Pierre-Jean appelle à lui quelques camarades ; il donne des ordres, et, à la tête de sa petite troupe, s’élance à l’assaut de la baraque. À l’instant, la parade cesse, la musique se tait. Les forains, déconcertés par cette attaque subite, peu rassurés d’ailleurs par l’attitude des habitants, se retirent sans résistance. Le soir, la baraque avait disparu.

Encouragé par ces succès, le jeune De Smet rêvait d’actions plus éclatantes.

C’était l’époque des guerres de Napoléon. Pierre-Jean écoutait avec avidité les récits des vétérans qui venaient de faire en vainqueurs le tour de l’Europe. La gloire du conquérant hantait l’esprit de l’enfant. C’était trop peu pour lui de défendre des barricades ou d’engager des escarmouches avec les bambins du quartier. Désormais il lui fallait la grande guerre. En imagination, il avait campé les Autrichiens et les Russes dans les villages voisins de Termonde ; la jeunesse de ces villages formait les bataillons ennemis ; il irait les attaquer chez eux.

Devenu vieux missionnaire, il aimait à raconter une de ces expéditions, dans laquelle son étoile avait un instant pâli.

Un beau matin — c’était en 1812 ou 1813 — il rassemble les écoliers des différents quartiers, et déclare qu’on va attaquer les Russes qui occupent le village de Grembergen. La proposition est acceptée d’enthousiasme. Les soldats s’arment à la hâte de bâtons et de sabres de bois ; Pierre-Jean est nommé général. L’armée, forte de cent hommes environ, entre immédiatement en campagne.

Les Russes furent avertis très tôt, sans doute par leurs espions, de l’arrivée des Français, et la jeunesse de Grem-