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décharge de mousqueterie, et avec de vives manifestations de joie. « Plusieurs, dit-il, me montrèrent leur journal. C’était un long bâton carré, sur lequel ils avaient marqué les jours et les semaines, depuis que je les avais rencontrés. Ils comptaient déjà quarante et un mois et quelques jours ».

Le Canadien qui, depuis de longues années, vivait chez les Arcs-à-Plats, avait également appris aux Kootenais les premiers éléments de la religion.[1] Ils chantaient des cantiques, faisaient en commun les prières du matin et du soir, et observaient strictement le dimanche. « Le jour où on célèbre la fête du Cœur Immaculé de Marie, continue notre missionnaire, je chantai la grand’ messe, et pris possession, au nom de Dieu, de cette nouvelle terre où le prêtre pénétrait pour la première fois. J’administrai ensuite le baptême à 105 personnes, dont 20 adultes.

» Comme chez les Arcs-à-Plats, la journée se termina par la plantation de la croix. Elle se dressa, saluée par une décharge de tous les fusils du camp. Puis tous les chefs, à la tête de la peuplade, vinrent se prosterner au pied de l’arbre du salut, et firent à haute voix l’offrande de leurs cœurs à Celui qui s’en déclare le Pasteur et le Maître.

» La station reçut le nom de l’Immaculé-Cœur de Marie ».[2] Devant la prodigieuse activité du missionnaire, l’imagination reste confondue. Dans un pays inconnu, parmi d’épaisses forêts, coupées de chemins affreux, six semai-

  1. Les Arcs-à-Plats et les Kootenais étaient deux peuplades appartenant à la même famille, celle des Skalzi.
  2. Lettre citée.