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chasse, les missionnaires n’osent s’aventurer hors de la palissade sans être armés de leurs fusils. Jour et nuit, une sentinelle fait le guet, tirant, de temps à autre, un coup de feu, pour tenir l’ennemi à distance du village.

Depuis longtemps, le P. De Smet songe à visiter ces terribles voisins. Il veut leur faire déposer la hache de guerre, et les amener à conclure, avec les tribus de l’Ouest, une paix durable.

L’entreprise est périlleuse. Le missionnaire est sans armes et presque sans escorte. Les Pieds-Noirs sont particulièrement ennemis des Blancs, qu’ils ont coutume d’immoler sans scrupule à leurs haines et à leurs superstitions.

« Que vais-je devenir ? écrit le Père, au moment de pénétrer en pays ennemi. Mille inquiétudes, je l’avoue m’assiègent. La pauvre nature, ce timide et fragile meus homo, s’effraie ; elle voudrait regarder en arrière et écouter des rêves. Mais le devoir m’appelle et me crie : En avant ! Je mets en Dieu toute ma confiance : il sait, quand il lui plaît, adoucir les natures les plus barbares. Je pense aux prières que l’on fait pour moi. Il s’agit du salut des âmes, de la conservation de Sainte-Marie. Nulle considération ne pourrait me détourner d’un projet que je nourris depuis ma première visite aux Montagnes ».[1]

Les Pieds-Noirs vivaient de l’autre côté des Rocheuses, sur le Haut-Missouri. En se dirigeant vers l’est, le P. De Smet eût pu les rencontrer au bout de quelques jours. Il préféra marcher vers le nord et traverser les Montagnes près des sources du Saskatchewan. Peut-être

  1. Lettre à Mgr Hughes. — 26 septembre 1845.