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Les chevaux étaient épuisés, la besace du missionnaire presque vide. Déjà le passage des Montagnes était devenu impraticable. Il ne restait d’autre ressource que de gagner, pour y passer la mauvaise saison, un des forts de la Compagnie des Fourrures. Remettant au printemps sa visite aux Pieds-Noirs, le P. De Smet revint en hâte sur ses pas, et se rendit au fort Edmonton, sur le Saskatchewan.

L’accueil qu’il y reçut le dédommagea quelque peu des contretemps essuyés depuis deux mois.

La population du fort était, en grande partie, catholique. Chaque matin, le missionnaire expliquait le catéchisme aux enfants. Le soir, avant la prière, il faisait une instruction, à laquelle assistaient le commandant, sa famille et son personnel.

À cinquante milles à l’ouest du fort, se trouvait la mission Sainte-Anne. C’était la résidence de deux prêtres canadiens, MM. Thibaut et Bourassa, qui, de là, étendaient leur apostolat sur l’Athabasca, la Rivière de la Paix, le Lac des Esclaves et le Mackenzie. Le P. De Smet voulut les visiter. Quelle ne fut pas sa joie d’apprendre que, dans cette partie du Canada, vivaient des Indiens qui ne le cédaient pas aux plus ferventes tribus de l’Ouest ! Au cours d’un seul voyage, M. Thibaut avait administré près de 500 baptêmes.

L’hiver touchait à sa fin. Cependant il devenait de plus en plus difficile de pénétrer chez les Pieds-Noirs. L’interprète faisait défaut. Des bandes armées ne cessaient de parcourir le pays ; il n’était bruit que de vol et de carnage.

Sans renoncer à son projet, le P. De Smet prit le parti de regagner au plus tôt la mission Saint-Ignace. Il espérait atteindre, par un autre chemin, l’introuvable tribu.