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En 1804, il quitta la Belgique pour aller chercher, aux États-Unis, un plus vaste champ d’action.

Après une traversée fort pénible sur un navire qu’il appelle lui-même « un enfer flottant », il atteignit Baltimore, et alla offrir ses services à Mgr Carroll, alors seul évêque catholique aux États-Unis. Le prélat lui fit bon accueil, et l’envoya rejoindre M. Badin qui avait fondé, peu d’années auparavant, la mission du Kentucky. Les deux prêtres avaient à évangéliser un territoire plus grand que la France.

Le nouveau missionnaire devait y consacrer, pendant vingt ans, les ressources d’un zèle infatigable et d’une robuste santé. On le voit parcourir en tous sens cette immense contrée, tantôt au milieu des neiges et des glaces, tantôt dans les ténèbres des nuits humides ou sous les rayons d’un soleil brûlant. Il traverse les fleuves à la nage ; il fait vingt-cinq et trente milles à cheval pour aller dire sa messe ; il déjeune à trois ou quatre heures de l’après-midi ; il bâtit de ses propres mains sa maison qui, dit-il, lui coûte six dollars et demi. Ce rude apostolat ne l’empêche pas de se livrer à d’effrayantes austérités. À mesure que le nombre des chrétiens augmente, il construit jusqu’à dix églises et un grand nombre de chapelles. Pour l’instruction des enfants et le soin des orphelins, il fonde la Congrégation des Sœurs de Lorette, qui s’étendra bientôt sur tous les points de l’Amérique du Nord. Appelé, en 1808, au siège épiscopal de la Nouvelle-Orléans, il décline cette dignité en disant : « Bonitatem et disciplinam et scientiam docendus, docere non valeo »[1]. « C’était, dit Mgr Spalding, un prêtre savant

  1. « Moi qui ai besoin d’apprendre la vertu, la sagesse et la science, je ne suis pas capable de les enseigner aux autres ».