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de ses condisciples[1], il songea quelque temps à se faire trappiste. On peut se demander comment son humeur aventureuse se fût pliée aux exigences monastiques. Mais il ne tarda pas à nourrir d’autres desseins. Il avait vingt ans, et était en seconde, lorsqu’il rencontra l’homme qui devait décider de sa vie. C’était M. Nerinckx, missionnaire au Kentucky.

Charles Nerinckx était né, le 2 octobre 1761, au village d’Herfelingen, dans le Brabant. Ordonné prêtre en 1775, il fut d’abord vicaire à Malines, puis curé d’Everberg, près de Louvain. Il travaillait dans cette paroisse avec un immense succès, lorsqu’un ordre d’arrestation fut lancé contre lui par les autorités révolutionnaires.

Obligé de quitter sa paroisse, il trouva un refuge à l’hôpital de Termonde, dont l’aumônier venait d’être déporté à l’île de Ré. Il y resta plusieurs années, exposé chaque jour à voir son asile découvert par les émissaires de la République.

Il célébrait la messe à deux heures du matin, et se retirait ensuite dans une cachette où il passait la journée. Il sut utiliser les loisirs de sa réclusion, en se livrant à de sérieuse études, et en composant plusieurs traités sur la théologie, l’histoire ecclésiastique et le droit canon. La nuit, il quittait sa retraite pour visiter les malades et les prisonniers de guerre que l’on dirigeait alors sur Termonde. Parfois même, il trouvait le moyen de rentrer en secret à Everberg, pour y ranimer les courages, et porter les secours de la religion à ses paroissiens abandonnés.

Mais cet apostolat restreint ne lui suffisait pas.

  1. M. l’abbé Jongmans.