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genre de vie, surtout de leurs idées religieuses. Avant que Longfellow fît entrer dans le Chant de Hiawatha les antiques traditions d’une race vouée à disparaître, le P. De Smet avait recueilli ces naïves légendes, à travers lesquelles on retrouve aisément la croyance à la création, à la chute originelle, au déluge, à la dispersion des hommes, à un médiateur bienfaisant qui fait agréer nos prières au « Maître de la vie ».[1]

On s’est demandé pourquoi le P. De Smet n’avait pas profité de ses connaissances pour se faire un nom dans la géographie ou les sciences naturelles. C’est que le missionnaire a au cœur un autre amour que celui de la gloire humaine. À l’exemple du Maître, sacrifiant sa vie pour le salut des pécheurs, son ambition est de gagner à Dieu beaucoup d’âmes. Et ses préférences sont pour les pauvres, les ignorants, les méprisés. Il aime avec passion les Indiens. Il ne saurait penser à eux sans émotion, ni en parler sans tendresse. « Mes chers Potowatomies », « mes chers Têtes-Plates », « les enfants de mon cœur », voilà comment il les appelle ; et cela fait de ses lettres même une éloquente prédication. « Un pareil livre, écrivait un

    golie, et certaines autres contrées de l’Asie, qui ont peuplé successivement le continent américain. Toutefois, dit-il, il paraît également certain que des peuples de l’ancien continent (les Scandinaves) y ont aussi fondé des colonies ». Après avoir établi son opinion sur les caractères physiologiques, les monuments, les usages, les traditions, la langue, la religion, le système astronomique de ces divers peuples, il ajoute avec son bon sens ordinaire : « Il y aura toujours quelque obscurité qui nous empêchera de connaître l’origine particulière de tel et tel peuple du nouveau continent ; mais cette obscurité n’existe-t-elle pas aussi par rapport à plusieurs peuples de l’ancien » ? (Voir Missions de l’Orégon, édit. de 1848, no XXXII. Origine des Américains).

  1. Voir surtout Missions de l’Orégon, no XXVII. — CHITTENDEN et RICHARDSON, p. 1052-1107.