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Les jésuites récemment arrivés de Suisse et d’Italie ne tardèrent pas à recevoir leur destination. « Rejetés du vieux monde, écrivait le P. De Smet, ils viennent s’offrir pour évangéliser le nouveau, et l’Amérique les reçoit à bras ouverts. De tous côtés, les évêques les demandent. Déjà une centaine exercent en paix le saint ministère ».[1] Quelques-uns désiraient depuis longtemps l’apostolat des Indiens ; ils allèrent rejoindre les missionnaires de l’Orégon. Quant au P. De Smet, un mois à peine après son retour à Saint-Louis, il partait pour une autre mission.

On se rappelle qu’en revenant des Montagnes-Rocheuses, pendant l’automne de 1846, il s’était arrêté quelque temps chez les tribus siouses du Haut-Missouri. Depuis lors, il avait gardé un vif désir de revoir ces Indiens. Il voulait étudier plus à fond leurs dispositions, et voir si le moment était venu de leur envoyer des missionnaires.

Se joignant à quelques agents de la Compagnie des Fourrures, il remonta en bateau le Missouri jusqu’à l’embouchure de la Nebraska. Pour mieux explorer le pays, il quitta alors le fleuve, et, pendant vingt-cinq jours, poursuivit sa route à cheval dans la direction du Niobrara et de la Rivière-Blanche.

On a peine à se figurer les difficultés d’un pareil voyage au fort de l’été, à travers la partie la plus aride du désert américain. Des nuées de moustiques enveloppent la caravane. On n’a, pour alimenter le feu, que de la fiente de buffle. Après douze heures de marche, l’eau manque au

  1. À Charles De Smet. — Saint-Louis, 30 juillet 1848.