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lieu choisi pour le campement. Un phénomène fréquent au désert, le mirage, redouble encore le tourment de la soif. Le voyageur voit miroiter à l’horizon des lacs et des rivières fantastiques. Il ne rêve que verdure, ombrages et fraîcheur. Il presse le pas. À mesure que les heures se succèdent, l’illusion grandit. Épuisé, haletant, il avance toujours, sans se douter que la décevante vision fuit sans cesse, en attendant qu’elle s’évanouisse.

On marchait depuis six jours, sans avoir rencontré un seul Indien, ni découvert la moindre habitation, lorsqu’on atteignit l’embouchure du Niobrara.

C’est là que vivaient les Ponças. Le P. De Smet semble avoir gardé bon souvenir de cette courageuse peuplade, qu’il appelle « les Têtes-Plates de la plaine ».

Les sauvages firent à la robe-noire un accueil empressé ; le calumet passa de bouche en bouche ; plus de mille personnes entendirent, pour la première fois, un prêtre parler de Jésus-Christ. Ne pouvant longtemps rester au milieu d’eux, le missionnaire baptisa les petits enfants, et laissa, comme catéchiste, un métis catholique, bien instruit de la religion.

Avant d’arriver chez les Sioux, il fallut traverser le pays connu sous le nom de « Mauvaises-Terres ». « C’est, dit le P. De Smet, la région la plus singulière que j’aie parcourue dans mes voyages. L’action des pluies, des neiges et des vents sur ce sol argileux est à peine croyable, et en fait un théâtre aux scènes les plus variées. Vues de loin, ces terres offrent l’aspect de grands villages, de hameaux, de châteaux, mais d’une si capricieuse architecture qu’on les croirait appartenir, soit à un monde tout nouveau, soit à des âges très reculés. Ici, c’est une tour gothique, qui se dresse majestueuse.